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2ème Salon du Collectionneur de Tlemcen

vendredi 31 juillet 2009

Timbres poste d'Algérie N° 1546 et 1547 de l'année 2009

A) PRÉSENTATION:
Je vous présente les timbres et le prospectus des timbres poste N°1546 et N°1547 émit le Dimanche 4 JUIN 2009 sous le thème " 2ème Festival Culturel Panafricain d'Alger 2009 " dont le prix faciale est respectivement de 15 DA de 20 DA dessinés par SID AHMED BENTOUNES et imprimés par la Banque Centrale d'Algérie(BCA).

a) Les Timbres poste 1546 à 1547:











b) La notice recto verso et timbres poste 1546 à 1547:

c) Les planches de 25 timbres des Timbres poste 1546 à 1547:













-d) L'enveloppe 1er jour d'émission officelle(FDC) des TP N° 1546 et 1547
:

B) Les documents personnels des timbres poste 15
46 à 1547:
-a: Les FDC personnelle:



-C):Lettre qui a voyagé avec les Timbres poste N°1546 etN°1547:

vendredi 24 juillet 2009

Envoi postal du 29/10/ 1975

Jolie lettre envoyée du bureau de Rue LOUIS CONTE Treuillet(code postale 1309)du 9ème Arrondissement de Marseille (France) vers Khemisti un quartier de Hennaya(une commune de Tlemcen)


Cette enveloppe a été affranchie par le timbre a valeur de 1f20(envoi simple pour clois moins de 20g de France vers l'Algérie).Le timbre est le suisvant:



Ce timbre de couleur "Brun olive-bleu et bistre"a été émit en 1974
Sous le thème:Saint-Pol de léon
Valeur Facial:1f20

Sous Yvert et Tellier:N° 1808
Sous Dallay:N° 1849
Valeur marchande oblitéré:0,18€
Déssiné par:
René Quillivic
Gravure:
René Quillivic




Timbre a date de l'envoi simple moins de
20g pour le nord Africain éffectué au bureau de poste de Rue Louis Conte Treuillet (code postale 1309) du 9ème Arrondissement de Marseille.










Voici une très très jolie carte maximum du TP N° 1808 avec un joli ti
mbre a date.D'aussi jolis cachets sur des cartes maximums c'est rare.
Voyez par vous même:


FDC du TP N°:1808(Farcigny)
Les enveloppes 1er jour du timbre poste N° 1808 ont été émises le 18 Janvier 1975


FDC du TP N°:1808(KREISER)
FDC du TP N°:1808(CEP)



CM du timbre poste N° 1808

Reception de l'Envoi postal du 27/01/ 1989(-12h-15)



Reception de l'Envoi postal du 31/07/ 1989(-14h- -)

Jolie carte postale reçue de Reine. Merci Salim




L'affranchissement a été fait avec :


Timbre:République Type liberté
Valeur Facial:3.60FF.
N° Y/T:2485.
N° DALLAY/2530.
N° Ceres:2475.
Date d'émission:1987.
Oblitération 1er jour a Paris en 1987
Vente générale:le 1er Aout 1987 par Feuilles de 100 TP.
Format:15x23mm
Dentelures:13.
Couleur:Bleu
Impression:Taille Douce rotative.
Déssiné et gravé par:Pierre Gandon.


FDC du TP N°:2485(Ceres)


FDC du TP N°:2485

mercredi 22 juillet 2009

Conte pour endormir les enfants

1868 Benjamin Franklin Z-Grill
Ce timbre américain avec grille Z est considéré comme le plus rare du pays. Il n’est connu qu’à 2 exemplaires, dont un seul s’échange dans les collections privées. Un seul collectionneur à la fois peut donc détenir la collection complète des USA.
Une grille (« grill » en anglais) est un procédé anti-fraude. Il consiste en un gaufrage appliqué au papier au moyen d’un poinçon à l’aide d’une presse à forte pression; l’oblitération entre donc dans le papier et devient très difficile à effacer. La grille Z fut la première utilisée et est visible au dos du timbre.
Le premier collectionneur à détenir la collection complète des USA fut Robert Zoellner, en 1998 sa collection fut mise à l’encan et Donald Sundman président de Mystic Stamp Company fit l’acquisition du Benjamin Franklin Z-Grill pour 935,000$.
En octobre 2005, le financier Bill Gross échangea un block de quatre du fameux « Inverted Jenny » qu’il avait acquis pour près de 3$ million pour ce fameux Z-Grill 1868. En complétant cet échange spectaculaire, il devint donc l’unique propriétaire d’une collection complète des timbres Américains du X1Xe siècle.

vendredi 17 juillet 2009

Reception de l'Envoi postal du 12/02/ 1986(19h00)

République, type Liberté - 1F80 vert
timbre pour roulette

Jolie lettre reçue de Capelette quartier du canton de Marseille dans les bouches-du-Rhône




Cette lettre a été affranchie par 2 même timbres de 1,80 Francs
Oblitération 1er jour à Paris en 1985
Vente générale:1 aout 1985
Sous N° Y/T:2375
sous le thème"Liberté d'apès le tableau 'La Liberté guidant le peuple"
Dessin et Gravure par: Pierre Gandon.
Format: 15x23mm
Dentelure:13
Couleur : vert
Imprimé en taille douce rotative à 100 timbres par feuille

FDC des TP N° 2375,2376,2377(CEF)
CM des TP N°2375 et N°2376


Reception de l'Envoi postal du 23/11/ 1942(09h30)

Pétain, type Hourriez, 80c brun

Jolie Carte Postale pré-affranchie(Pétain 80c) envoyée de GARD (a NIME)


Le timbre imprimé est l'illustration de :


TP émit en 1941:
Vnete générale:13 Septembre 1941
Sous yvert et tellier N° 512.
Sous DALLAY N°:520.
Sous le thème: Pétain, type Hourriez, 80c brun
Sous Valeur Facial:80C.
dessin :
Paul-Pierre Lemagny.
Gravure:Georges Hourriez


Henri Philippe Benoni Omer Joseph Pétain (1856-1951) est un militaire et un homme d’État français, fait maréchal de France en 1918. Il est né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour dans le Pas-de-Calais et est mort le 23 juillet 1951 à Port-Joinville durant son internement sur l’île d'Yeu en Vendée, où il est inhumé.

Comme chef militaire, le maréchal Pétain est généralement considéré comme le « vainqueur de Verdun » et comme le chef de l’armée qui jugula la crise du moral et des mutineries de 1917. Comme chef de l’État, son nom est associé à l’Armistice de juin 1940 retirant la France défaite de la guerre contre Hitler, et à son rôle de fondateur et de dirigeant suprême du régime de Vichy, qui a engagé la Révolution nationale et collaboré avec l’Allemagne nazie.




Reception de l'Envoi postal du 06/06/ 2009(- -h- -)

Joli spécimen envoyé du BRUNEI DARUSSALAM




-1) Malheureusement mauvaise
oblitération(faible visibilité)










2007 (6 février)
Le Brunei - la Malaisie
Poissons et coquilles (timbres au commencement programmés en 2006 mais la date de leur parution fut reportée jusqu'au 06 Février 2007 sous le thème "vie marine unique). Issue jumelle avec la Malaisie. Quatre timbres identiques, deux dans des carreaux, deux en feuilles miniatures. A, Boxfish repéré (meleagris d'Ostracion), B, Triggerfish Orange-rayé (ondulés de Balistapus) à trouver dans les eaux du Brunei ; C, Nautilus chambré (pompilius de Nautilus) et D, rascasse de feuille (triacanthus de Taenianotus), des eaux malaisiennes. Multicolore.

. Ces poissons peuvent être trouvées dans les parties chaudes de l'Indo-Pacifique, l'océan et la mer Rouge. Ils vivent dans les zones de croissance corallienne riche et claire sur le lagon, le canal ou les récifs au large de 2 à 50 mètres de profondeur. Cette espèce se trouve présent dans les zones de récifs coralliens des eaux au large du Brunei Darussalam. Les adultes peuvent atteindre un maximum de 30 cm de longueur.




































Les 2 timbres utilisés font apparaitre du portrait du sultan Hassanal Bolkiah. Sultan Hassanal Bolkiah est l'actuel sultan de Brunei. Il est également le Premier ministre du pays, et est le chef par intérim de la Défense du Brunei et ministères des finances. À cause du pétrole du Brunéi-richesse, Bolkiah possède de vastes richesses personnelles et est connu pour vivre richement. Dans les années 1980 et 1990, il fut homme le plus riche du monde avec une fortune estimée à 38 milliards de dollars selon Forbes.

Humour:
le Brunei
Le Brunei est un pays très pauvre. Sa plus célèbre ressortissante, Carla Brunei, est d’ailleurs toute maigre et n’a pas les moyens de s’acheter une voix. Si vous allez un jour au Brunei, veillez à ne pas dire de mal du chef d’état: c’est un sultan.

Reception de l'Envoi postal du 17/06/ 2009(15h)

Comme a l'accoutumée joli affranchissement sur ce pli envoyé par François (Merci) envoyé le 17/06/2009 de Revel (France) et reçu le 24/07/2009 soit 5 semaines après.

Voici le détail de l'affranchissement:


-2):T.P(dit Poste Aérienne) émit le 15/09/2008:
Sous yvert et tellier N°.....et Valeur Facial:3,00
.
Sous le thème:Patrouille de France.
Dessiné par :Pierre André Cousin.

Gravure: Claude Jumelet.



-3):TP émit en 2007:
Sous yvert et tellier N° 4049.
Sous DALLAY N°:- - - -.
Sous le thème: Le scoutisme.
Sous Valeur Facial:0.60 €.
dessin :
Stéphanie Ghinéa.
Gravure:héliogravure.



-4):
TP émit en 2007

Sous yvert et tellier N° 4031
Sous DALLAY N°:- - - -
Sous le thème: Vauban (1633-1707)
Sous Valeur Facial:0.54 €
dessin :
Claude Andreotto
Gravure:Claude Andreotto



-5):
TP émit en 200
7(dans un bloc feuillet N° 105):
Sous yvert et tellier N° 4019.
Sous DALLAY N°:- - - -.
Sous le thème: Massif de la Grande Chartreuse.
Sous Valeur Facial:0.54 €.
dessin :Bruno Ghiringhelli.



Ce timbre a été émit dans le bloc feuillet N° 105 de France
-Ce bloc a été émit sous le thème:La France a Vivre.
-Nombre de timbres comportant ce bloc :10.




6):TP émit en 2006:
Sous yvert et tellier N° 3965.
Sous DALLAY N°:3999.
Sous le thème: Marianne de Lamouche (3ème série).
Sous Valeur Facial:0.10 €.
Dessin :
Thierry Lamouche.
Gravure:
Claude Jumelet.






-6):TP émit en 2004
Sous yvert et tellier N° 3656
Sous DALLAY N°:3668
Sous le thème: Clermont-Ferrand (Puy de Dôme)
Sous Valeur Facial:0.50 €
Gravure et dessin :
Marie Noëlle Goffin




-7):TP émit en 2003
Sous yvert et tellier N° 3620
Sous DALLAY N°:3649
Sous le thème:Croix Rouge
Sous Valeur Facial:0.50 € + 0.16 €
Dessin :Didier Thimonier







-Ce timbre a été émit dans un carnet croix
rouge (Yvert et Tellier N°: cr2052) et qui
a été émit en 719.493 exemplaires
et Composé de 10 timbres N°3620a
et deux vignettes sans valeur
.



















-8):TP émit en 2002
Sous yvert et tellier N° 3492
Sous DALLAY N°:3502
Sous le thème: Rocamadour (Lot)
Sous Valeur Facial:0.46 €
Gravure et dessin :
Marie Noëlle Goffin





En dernier, profitant de la parution du timbre Vauban et celui du scoutisme:



Pour le plaisir de la lecture voici ce qu'a été la vie et le parcours de :


Sébastien Le Prestre de Vauban:
Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban (1633 - 1707) fut ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français, qui préfigure, par nombre de ses écrits, les philosophes du siècle des Lumières. Expert en poliorcétique, il donna au royaume de France "une ceinture de fer" et fut nommé maréchal de France par Louis XIV. La fin de sa vie fut assombr
ie par l'affaire de la Dîme Royale, qu'il décida de publier, malgré l'interdiction royale : dans cet essai, Vauban proposait un audacieux programme de réforme fiscale pour tenter de résoudre les injustices sociales et les difficultés économiques des "années de misère" de la fin du règne du Roi Soleil.
Vauban a voulu faire de la France un pré carré, selon son expression, protégé par une ceinture de citadelles. Il a conçu ou amélioré une centaine de places fortes. Sa stratégie consistait alors à gagner du temps en obligeant l'assaillant à immobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l'assiégé. Il dota la France d'un glacis qui la rendit inviolée durant tout le règne de Louis XIV (à l'exception de la seule prise de la citadelle de Lille) jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, où les forteresses furent démodées par les progrès de l
'artillerie.
Présentation : un acteur du Grand Siècle, un précurseur des Lumières
- Biographie de Sébastien Le Prestre de Vauban.
Vauban est apprécié à son époque et jugé depuis comme un homme lucide, franc et sans détours, refusant la représentation et le paraître, telles qu’ils se pratiquaient à la cour de Louis XIV. Il préférait au contraire parler le langage de la vérité :
"[…] je préfère la vérité, quoi que mal polie, à une lâche complaisance qui ne serait bonne qu’à vous tromper, si vous en étiez capable, et à me déshonorer. Je suis sur les lieux ; je vois les choses avec appréciation, et c’est mon métier que de les connaître ; je sais mon devoir, aux règles duquel je m’attache inviolablement, mais encore plus que j’ai l’honneur d’être votre créature, que je vous dois tout ce que je suis, et que je n’espèr
e que par vous […] Trouvez donc bon, s’il vous plaît, qu’avec le respect que je vous dois, je vous dise librement mes sentiments dans cette matière. Vous savez mieux que moi qu’il n’y a que les gens qui en usent de la sorte qui soient capables de servir un maître comme il faut."
— Lettre à Louvois, le 23 novembre 1668
Ses supérieurs, l’encouragent d’ailleurs. Vauban est un "sésame aux multiples portes" comme l’écrit Michèle Virol, un lieu de mémoire de la nation France à lui tout seul, un homme à multiples visages : stratège (réputé preneur de villes, il a conduit plus de quarante sièges), poliorcète (il a construit ou réparé plus de cent places fortes), urbaniste, statisticien, économiste, agronome, penseur politique, mais aussi fantassin, artilleur, ma
çon, ingénieur des poudres et salpêtres, des mines et des ponts et chaussées, hydrographe, topographe, cartographe, réformateur de l’armée (substitution du fusil au mousquet, remplacement de la pique par la baïonnette à douille). En un mot, une sorte de Léonard de Vinci français du Grand Siècle… Il a même écrit en 1695, un Mémoire concernant la caprerie, dans lequel il défend la guerre de course par rapport à la guerre d’escadre (c’était là un grand débat depuis la bataille de la Hougue en 1692 qui avait vu nombre de navires français détruits).
Tous ces métiers ont un point commun : La recherche à résoudre et à améliorer des situations concrètes au service des hommes : d’abord, ses soldats puis les
plus humbles.
C’est pour ces plus démunis qu’il a écrit ce mémoire intitulé Cochonnerie, ou le calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps. Dans ce texte singulier, d'abord titré Chronologie des cochons, traité économique et arithmétique, non daté, destiné à adoucir les rudesses de la vie quotidienne des sujets du roi, trop souvent victimes de la disette, Vauban voulait prouver, calculs statistiques à l'appui sur dix-
sept pages, qu'une truie, âgée de deux ans, peut avoir une première portée de six cochons. Au terme de dix générations, le total est de six millions de descendants capables de faire vivre une famille.
Ainsi, dès qu’on aborde, qu’on approche celui que le c
ruel Saint-Simon qualifiait de "petit gentilhomme de campagne, tout au plus", on est frappé par la multitude de ses compétences, de ses centres d’intérêt, de ses pensées, de ses actions :
• Il fut un précurseur des Encyclopédistes par sa façon d'aborder les problèmes concrets, ainsi le budget d'une famille paysanne, par exemple, ou sa Description géographique de l'élection de Vézelay de janvier 1696 dans laquelle il propose de lever un vingtième, sans exemption, et qui se différencie en un impôt sur le biens-fonds et sur le bétail, sur les revenus des arts et métiers, sur les maisons des villes.

• Il est aussi dans le grand mouvement de penseurs précurseurs des physiocrates (il lit Boisguilbert ; à la même époque, écrivent Melon, Cantillon) par son intérêt pour l'agronomie et l'économie (il insiste notamment sur la circulation de la monnaie et l’idée du circuit économique dont il est un des précurseurs). Il prône les valeurs qui seront défendues au XVIIIe siècle par Quesnay, et il encourage les nobles à quitter la cour pour le service des armes mais aussi la mise en valeur de leurs domaines dans un mémoire intitulé Idée d’une excellente noblesse et des moyens de la distinguer par les Générations.
• Il fut encore un précurseur de Montesquieu par sa conception d'un État chargé avant tout d'assumer la protection de tous et leur bien-être : il veut lutter contre la misère, la corruption, l’incompétence, le mépris du service public.

Dans tous les cas, Vauban apparaît comme un réformateur hardi. Son contact avec le roi lui permettait de lui soumettre directement ses idées, comme le Projet de Dime royale, qui fut bien reçu. Louis XIV lui rendait bien cette franchise, comme en témoigne cette lettre dans laquelle il lui confie la défense de Brest, visé par les Anglais en 1694 :
"Je m’en remets à vous, de placer les troupes où vous le jugerez à propos, soit pour empêcher la descente, soit que les ennemis fassent le siège de la place. L’emploi que je vous donne est un des plus considérables par rapport au bien de mon service et de mon royaume, c’est pourquoi je ne doute point que vous ne voyiez avec plaisir que je vous y destine et ne m’y donniez des marques de votre zèle et de votre capacité comme vous
m’en faites en toutes rencontres"
« Je ne crains ni le roi, ni vous, ni tout le genre humain ensemble », écrivait-il à Louvois dans une lettre datée du 15 septembre 1671 (à propos d’une accusation lancée contre deux de ses ingénieurs). Et il ajoutait : "la fortune m’a fait naître le plus pauvre gentilhomme de France ; mais en récompense, elle m’a honoré d’un cœur sincère si exempt de toutes sortes de friponneries qu’il n’en peut même soutenir l’imagination sans horreur".
Apports à la poliorcétique
Codification des attaques des places fortes par Vauban.
Trois tranchées parallèles reliées entre elles par des tranchées de communications en zigzags pour éviter les tirs en enfilade. Chaque tranché
e est une place d'armes qui permet de rapprocher l'infanterie sur toute la largeur du front d’attaque ; la première est hors de portée de tir des défenseurs et permet de résister à un assaut à revers ; la troisième est au pied du glacis. L’artillerie est placée sur des cavaliers, relié au réseau par des tranchées plus courtes. Des redoutes protègent les extrémités de chaque tranchée.
Les progrès de l'artillerie révolutionnent la guerre de siège : depuis la Renaissance, l'augmentation d'épaisseur des murailles ne suffit plus pour résister aux effets de l'artillerie. Les ingénieurs italiens ont donc inventé les fortifications bastionnées et remparées : les murailles deviennent très basses, obliques et précédées d'un fossé. Les tirs de mitraille rendant extrêmement périlleux les assauts frontaux, l'assaillant approche les fortifications par des réseaux de tranchées.

Vauban apporte trois innovations majeures décisives aux techniques d'attaque des places fortes :
• Il codifie la technique d'approche en faisant creuser trois tranchées parallèles très fortifiées reliées entre elles par des tranchées de communications en ligne brisée pour éviter les tirs défensifs en enfilade.
o La première creusée hors de portée de canon et très fortifiée sert de place d'arme et prévient une attaque à revers par une armée de secours.
o La deuxième, à portée de tir permet d'aligner l'artillerie que l'on positionne vers un point de faiblesse des fortifications.
o La troisième, à proximité immédiate des fortifi
cations permet le creusement d'une mine ou l'assaut si l'artillerie a permis d'ouvrir une brèche dans la muraille. Le retranchement doit être suffisant pour interdire une sortie des défenseurs.
• L'éperon des forteresses bastionnées créant une zone où l'artillerie de l'assiégé ne peut tirer à bout portant, il est possible de disposer des levées de terre devant la tranchée immédiatement au contact des fortifications assiégées (très basses pour éviter les tirs d'artillerie). Ces surélévations qu'il appelle « cavaliers de tranchées », permettent aux assaillants de dominer les positions de tir des assiégés et de les refouler à la grenade vers le corps de place et de s'emparer du chemin couvert.
• en 1688, il invente le « tir à ricochet » : en disposant les pièces de manière à prendre en enfilade la batterie adverse située sur le bastion
attaqué et en employant de petites charges de poudre, un boulet peut avoir plusieurs impacts et en rebondissant balayer d'un seul coup toute une ligne de défense au sommet d'un rempart, canons et servants à la fois.
Sa philosophie est de limiter les pertes en protégeant ses approches par la construction de tranchées, même si cela demande de nombreux travaux. Il est pour celà souvent raillé par les courtisans mais il est soutenu par le roi. Il rédige en 1704 un traité d'attaque des places pour le compte de Louis XIV qui souhaite faire l'éducation militaire de son petit fils le duc de Bourgogne.
Chantiers

Une coupe des fortifications Vauban, suivant la ligne capitale passant par une demi-lune
Étoile de Vauban de la citadelle de Lille
Fort de son expérience de la poliorcétique, il conçoit ou améliore les fortifications de nombreuses villes et ports français, entre 1667 et 1707, travaux gi
gantesques permis par la richesse du pays. Il révolutionne aussi bien la défense des places fortes que leur capture. Il dote la France d'un glacis de places fortes pouvant se soutenir entre elles : pour lui, aucune place n'est imprenable mais si on lui donne les moyens de résister suffisamment longtemps des secours pourront prendre l'ennemi à revers et lever le siège). Vauban va ainsi pousser le roi à révolutionner la doctrine militaire défensive de la France en concentrant les place fortes sur les frontières du Royaume c’est la « ceinture de fer » qui protège le pays : le pré carré du roi. A l’intérieur du pays, où le danger d’invasion est moindre, les forteresses sont démantelées. Paris perd par exemple ses fortifications, d’une part, pour libérer des troupes devenues inutiles et qui sont transférées aux frontières et d’autre part, pour éviter aux révoltes de trouver asile dans l’une d’elles comme cela avait été le cas lors de la Fronde.
Au total, Vauban a créé ou élargi plus de 180 forteresses et donné son nom à un type d'architecture militaire : le système Vauban qui a large
ment été repris, même hors de France, comme par exemple pour les fortifications de la ville de Cadix.
Vauban aurait entre 1667 et 1707, été le responsable de l'amélioration des fortifications d'environ 300 villes et dirigé la création de 37 nouvelles forteresses et ports fortifiés.
La plus extraordinaire création de Vauban : Mont-Dauphin
Édifié sur un emplacement stratégique, à partir de 1693, Mont-Dauphin est un avant poste chargé de protéger le royaume des intrusions venues d’Italie : le village-citadelle constitue l’archétype de la place forte et fait entrer les Alpes dans la grande politique de défense de la « nation France »

Au début des années 1690, la Guerre de la ligue d'Augsbourg fait rage et malgré une alliance matrimoniale avec la France, Victor-Amédée II, duc de Savoie, s’est joint aux Alliés (Angleterre, Autriche, Provinces-Unies) en juin 1690. De juillet à septembre 1692, à la tête d’une armée de quarante-cinq mille hommes, il envahit le Queyras et la vallée de la Durance, pour créer une diversion et diviser les forces françaises, dévastant tout sur son passage : ponts, villages, récoltes sur pied… Gap est pillée, comme une réponse au sac du Palatinat perpétré quelques années plus tôt par les armées françaises. Louis XIV, qui s’est surtout consacré à fortifier le Nord-Est, vient de prendre brutalement conscience de la fragilité du royaume à sa frontière alpine. Aussi, en septembre, sur ordre du roi, Vauban doit abandonner en catastrophe la réfection de la fortification de Namur dont le souverain vient de s’
emparer (ce fut son dernier siège), pour se consacrer à la défense de la montagne. Il est vrai qu’il ne cesse de proclamer que « toutes les ambitions de la France doivent se renfermer entre le sommet des Alpes et des Pyrénées, des Suisses et des deux mers ; c’est là où elle doit se proposer d’établir ses bornes par les voies légitimes selon le temps et les occasions ».
Après de multiples reconnaissances de terrain, la « borne » qu’il choisit, en novembre 1692, est le site grandiose du plateau des Mille Vents (dit aussi plateau de Millaures), conseillé par Catinat : il s’agit d’une position escarpée, surplombant par des falaises vertigineuses le confluent du Guil et de la Durance. L’ingénieur propose d’y construire une place-forte nouvelle, destinée à verrouiller la route des Alpes et à accueillir une g
arnison militaire, mais aussi une population civile. « Je ne sais point de poste en Dauphiné, explique-t-il, pas mesme en France, qui lui puisse être comparé pour l’utilité […]. C’est l’endroit de montagnes où il y a le plus de soleil et de terre cultivée, il y a même des vignes dans son territoire, des bois, de la pierre de taille, du tuf excellent pour les voûtes, de la pierre ardoisine, de bon plâtre, de fort bonne chaux et tout cela dans la distance d’une lieue et demie, pas plus […]. Et quand Dieu l’aurait fait exprès, il ne pouvait estre mieux ». Comme à son habitude, Vauban a tout prévu, tout calculé et, notamment, le coût de l’entreprise, dans un « Abrégé estimatif de toute la dépense de Mont-Dauphin » (ce nom a été donné en l’honneur de Monseigneur, le fils du roi) : il évalue les travaux à 770 000 livres, une somme qu’il considère comme raisonnable dans une année de crise car le royaume, entre 1692 et 1694, épuisé par les dépenses de la guerre, doit aussi faire face à la plus grave crise de subsistances du XVIIe siècle. Le projet emporte la conviction du roi, notamment en raison de la qualité du roc de Mont-Dauphin, « un amas de graviers et de cailloux coagulés et pétrifiés ensemble » (du poudingue, disent les géologues), que Vauban compare avantageusement à la place forte de Casale en Italie, où il fallut « ajouter de la chaux, des briques, et des façons, alors que celui-ci ne coûte rien ».
Mais la réalité du chantier, à 1000 mètres d’altitude, véritable défi à la montagne, ne fut pas conforme aux plans prévus : des affaissements de terrain compromettent la construction de la citadelle, bâtie sur le roc nu, entraînant de multiples retards et un dépassement de tous les devis. Aussi, pour répondre aux critiques – Vauban a depuis longtemps acquis une réputation d’impénitent « budgétivore » — le concepteur de la citadelle revient sur le chantier en 1700, profitant du Traité de Ryswick (1697), et il et rédige
une « Addition au projet de Mont-Dauphin ». Mais il reste persuadé que les problèmes proviennent de malfaçons et des incompétences des ingénieux locaux… Pour que les soldats vivent un peu mieux les longues attentes des ennemis, Vauban a conçu un projet de ville royale « complète », dont témoigne aujourd’hui un village hors du commun, peuplé de moins de cent habitants : les maisons sont construites sur un plan préétabli, avec des caves voûtées servant d’abri, un rez-de-chaussée réservé aux échoppes, un étage pour l’habitation et, enfin, un grenier. Des rues droites et larges suivent une gargouille centrale en marbre rose ; des fontaines et des lavoirs facilitent les échanges et la sociabilité de la vie quotidienne. Au croisement des rues, la pierre à mesure et l’étalon de toise rappellent les jours de grande foire. Et une immense église, dédiée à Saint Louis, patron de la monarchie, a été commencée. Seul le chœur fut achevé et conservé.
La situation montagnarde de la place forte a obligé ses défenseurs à organiser la défense pour faire face à l’ennemi mais aussi pour répondre aux offensives du « général hiver », plus terrible sans doute que toutes les forces coalisées contre Louis XIV : aussi, la place forte de Mont-Dauphin comprend-t-elle 32 hectares d’espaces verts entretenus par des moutons, car avant l’essor du moteur thermique, la traction était uniquement animale (bovins et équidés). En grande montagne, le mulet, le meilleur allié de l’homme, a l’avantage sur les autres animaux de traits grâce à sa force et à sa grande capacité à évoluer en terrains accidentés. Au temps de Vauban, la place dépendait entièrement des mulets pour son ravitaillement : ils furent ainsi entre 100 et 300 à stationner à Mont-Dauphin
durant plus de deux cent ans. En l’absence de routes, il faut imaginer de longues caravanes de mulets bâtés remontant périodiquement vivres et munitions…
Formidable instrument de dissuasion, la place forte n’a jamais connu de siège et faute d’habitants qui acceptèrent de vivre près de la garnison, les soldats furent condamnés, comme l’explique un contemporain, « à ne trouver dans leurs camarades que l’ennui qui leur est devenu commun ». Et c’est ainsi que Mont-Dauphin battit des records de désertion ! En 1713, le Traité d'Utrecht, qui mettait fin à la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) et donnait l’Ubaye à la France, éloigna la frontière italienne du village. Le développement de la garnison est alors stoppé, même si une partie des constructions conçues par Va
uban fut poursuivie, comme la « lunette d’Arçon », ouvrage avancé capable de tenir l’assaillant à distance, ajoutée à la fin du XVIIIe siècle.
Le site ne connut qu’un seul fait d’arme : un bombardement par un avion italien en 1940, qui déclencha un incendie. En 1966, la place forte fut classée monument historique et elle est aujourd’hui l’un des sites du réseau Vauban candidat à l’inscription à la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO : Mont-Dauphin est sans doute le témoignage le plus éclatant de l’inventivité de Vauban, qui a su répondre à toutes les critiques, à toutes les défiances, pour dompter la montagne et les éléments…
Il refusa de créer le fort Boyard, selon lui techniquement inconstructible, que Napoléon Ier créera lors de son règne à partir de ses plans.

Activités civiles : Vauban critique et réformateur
Vauban a également construit l'aqueduc de Maintenon (tout en s'opposant au grandiose aqueduc « à la romaine » voulu par Louis XIV et Louvois, qu'il jugeait d'un prix beaucoup trop élevé : il militait pour un aqueduc « rampant »). Il s'est intéressé à la démographie et à la prévision économique. Il conçut des formulaires de recensement et publia un ouvrage intitulé La Cochonnerie ou calcul estimatif pour connaître jusqu'où peut aller la production d'une truie pendant dix années de temps.
Entre l'amour du roi et le bien public
Vauban a pris, à partir de la fin des années 168
0, une distance de plus en plus critique par rapport au roi de guerre, en fustigeant une politique qui lui semble s’éloigner de ses convictions de grandeur et de défense de sa patrie, le tout au nom du bien public. Ce divorce est particulièrement apparent dans son Mémoire sur les huguenots, dans lequel il tire les conséquences, très négatives, de la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, en soulignant que l’intérêt général est préférable à l’unité du royaume quand les deux ne sont pas compatibles. D’autant que travaillant sur le canal du Midi en 1685-1686, il a vu les effets des dragonnades sur la population. Dans ce mémoire, Vauban estime le nombre des protestants sortis du royaume à « 80 000 ou 100 000 personnes de toutes conditions, occasionnant la ruine du commerce et des manufactures, et renforçant d’autant les puissances ennemies de la France ».
L’itinéraire de Vauban, une pensée en mobilité c
onstante, à l’image de ses déplacements incessants dans le royaume réel, font de lui un penseur critique tout à fait représentatif de la grande mutation des valeurs qui marque la fin du règne de Louis XIV : le passage, en quelque sorte, du « roi État », incarné par Louis XIV, à l’État roi, indépendant de la personne de celui qui l’incarne. Fontenelle, dans l’éloge funèbre qu’il rédigea pour Vauban, l’a très bien exprimé :
« Quoique son emploi ne l’engageât qu’à travailler à la sûreté des frontières, son amour pour le bien public lui faisait porter des vues sur les moyens d’augmenter le bonheur du dedans du royaume. Dans tous ses voyages, il avait une curiosité, dont ceux qui sont en place ne sont communément que trop exempts. Il s’informait avec soin de la valeur des terres, de ce qu’elles rapportaient, de leur nombre, de ce qui faisait l
eur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvait valoir en un jour le travail de leurs mains, détails méprisables et abjects en apparence, et qui appartiennent cependant au grand Art de gouverner […]. Il n’épargnoit aucune dépense pour amasser la quantité infinie d’instructions et de mémoires dont il avoit besoin, et il occupoit sans cesse un grand nombre de secrétaires, de dessinateurs, de calculateurs et de copistes »
Et, à la fin de sa vie, on sent Vauban littéralement écartelé entre sa fidélité au roi et son amour de la patrie au nom du bien général qui ne peut plus
être confondu avec celui du roi. Cet écartèlement, il l’exprime dès le 26 avril 1697 dans une lettre au marquis de Cavoye :
« Je suis un peu têtu et opiniâtre quand je crois avoir raison. J’aime réellement et de fait la personne du roi, parce que le devoir m’y oblige, mais incomparablement plus parce que c’est mon bienfaiteur qui a toujours eu de la bonté pour moi, aussi en ai-je une reconnaissance parfaite à qui, ne plaise à Dieu, il ne manquera jamais rien. J’aime ma Patrie à la folie étant persuadé que tout citoyen doit l’aimer et faire tout pour elle, ces deux raisons qui reviennent à la même »
Dans une certaine mesure, la Dîme Royale, publiée en 1707, parce qu’elle dissocie le roi et l’État, peut être lue comme le résultat très concret de la tension et de la contradiction entre l’amour du roi et l’amour de la patrie…
Les années de misère : l'observateur lucide du royaume réel
Depuis longtemps, en effet, Vauban s'intéressait a
u sort des plus démunis, attentif avant tout à la peine des hommes. Ses déplacements incessants dans les provinces (Anne Blanchard estime la distance parcourue à plus de 180 000 km pour 57 années de service, soit 3 168 km par an !) sont contemporaines des années les plus noires du règne de Louis XIV, en particulier la terrible crise des années 1693-1694. Et il a pu observer, comme il l’écrit en 1693, « les vexations et pilleries infinies qui se font sur les peuples ». Sa hantise c’est le mal que font « quantité de mauvais impôts (et notamment) la taille qui est tombée dans une telle corruption que les anges du ciel ne pourraient pas venir à bout de la corriger ni empêcher que les pauvres n’y soient toujours opprimés, sans une assistance particulière de Dieu ». Vauban voyage dans une basterne, une chaise de poste de son invention, plus vaste qu’une chaise ordinaire et portée sur quatre brancards par deux mules, l’une devant, l’autre derrière. Pas de roues, pas de contact avec le sol : les cahots sur les chemins de pierres sont ainsi évités, il peut emprunter les chemins de montagne, et Vauban est ainsi enfermé avec ses papiers et un secrétaire en face de lui. En moyenne, il passe 150 jours par an sur les routes, soit une moyenne de 2 à 3 000 km par an (le maximum : 8 000 km de déplacement en une année !). Il est fortement marqué par cette crise de subsistances des années 1693-1694, qui affecta surtout la France du nord, provoqua peut être la mort de deux millions de personnes. Elle aiguisa la réflexion de l'homme de guerre confronté quotidiennement à la misère, à la mort, à l'excès de la fiscalité royale : « la pauvreté, écrit-il, ayant souvent excité ma compassion, m'a donné lieu d'en rechercher la cause ».
Pendant ces années terribles, 1680-1690, l’hom
me de guerre se fait homme de plume et il écrit ses Oisivetés ou ramas de plusieurs sujets à ma façon. C’est sans doute à partir de la mort de Colbert (1683), qu’il rédige ce « ramas d’écrits », extraordinaire et prolifique document, souvent décousu, dans lesquelles il consigne, en forme de vingt-neuf mémoires manuscrits (soit 3 850 pages manuscrites en tout) ses observations, ses réflexions, ses projets de réformes, témoignant d’une curiosité insatiable et universelle. Une brève note de Vauban, incluse dans un agenda, daté du 4 mai 1701, éclaire le recueil alors en cours de constitution :
« Faire un deuxième volume en conséquence du premier et y insérer le mémoire des colonies avec la carte et celuy de la navigation des rivières a
vec des figures de far et d’écluses calculées ; y ajouter une pensée sur la réduction des poids et mesures en une seule et unique qui fut d’usage partout le Royaume »
C’est Fontenelle, qui a révélé, dans son éloge de Vauban, l’existence de ce recueil de « mémoires reliés et collationnés en volumes au nombre de douze »…
Et Vauban explique :
« La vie errante que je mène depuis quarante ans et plus, écrit-il dans la préface de la Dîme royale, m’ayant donné occasion de voir et visiter plusieurs fois et de plusieurs façons la plus grande partie des provinces de ce royaume, tantôt seul avec mes domestiques, et tantôt en compagnie de quelques ingénieurs, j’ai souvent occasion de donner carrière à mes réflexions, et de remarquer le bon et le mauvais état des pays, d’en examiner l’état et la situation et celui des peuples dont la pauvreté ayant souvent excité ma compassion, m’a donné lieu d’en rechercher les causes »

Le tout produit de multiples mémoires, qui sont souvent autant d’exemples des statistiques descriptives, dont le plus abouti est la « Description géographique de l’élection de Vezelay contenant ses revenus, sa qualité, les mœurs de ses habitants, leur pauvreté et richesse, la fertilité du pays et ce que l’on pourait y faire pour en corriger la stérilité et procurer l’augmentation des peuples et l’accroissement des bestiaux » (1696). Les Oisivetés, pour la première fois publiées cette année (éditions Champ Vallon, sont détenues par la famille Rosanbo. L’ensemble représente 68 microfilms de papiers et mémoires (en tout 29 mémoires importants, plus de 2 000 pages), auxquels il faut ajouter 47 microfilms de correspondance. Et ce qui domine dans cette écriture prolifique, c’est la notion d’utilité publique, au service des plus démunis. Et le tout conduit bientôt Vauban imaginer une « réform
ation » globale, capable de répondre au problème de la misère et de la pauvreté, auquel il est sans cesse confronté. Ainsi, dès 1694, Vauban présentait un Projet de capitation, fruit de multiples réflexions et de débats, notamment avec Boisguilbert, lieutenant-général à Rouen (qui publia en 1695 son Détail de la France que Vauban a lu et apprécié). Et parallèlement, Vauban a profité de multiples entretiens « avec un grand nombre de personnes et des officiers royaux de toutes espèces qui suivent le roi ». Le Projet de capitation annonçait son futur essai : il y proposait un impôt levé, sans aucune exemption, sur tous les revenus visibles (les produits fonciers, les rentes, les appointements…) et il condamnait la taille, « tombée dans une telle corruption que les anges du ciel ne pourraient venir à bout de la corriger ». Dans ce Projet, il dénonçait « l’accablement des peuples, poussé au point où nous le voyons ». En conséquence, « la capitation, écrivait-il, doit être imposée sur toutes les natures de biens qui peuvent produire du revenu, et non sur les différents étages des qualités ni sur le nombre des personnes, parce que la qualité n’est pas ce qui fait l’abondance, non plus que l’égalité des richesses, et que le menu peuple est accablé de tailles, de gabelles, d’aides et de mille autres impôts, et encore plus de la famine qu’ils ont soufferte l’année dernière, qui a achevé de les épuiser ».
L'année suivante, le 18 janvier, le pouvoir royal mit effectivement en place une capitation, un impôt auquel, en théorie, tous les sujets, des princes du sang aux travailleurs de terre, étaient assujettis, de 2 000 à 1 livre, en fonction de leur fortune. Mais contrairement à l'idée de Vauban, cet impôt s'ajoutait aux autres, et la plupart des
privilégiés, par abonnement ou par rachat, eurent tôt fait de s'en faire dispenser.
1703-1706 : le temps de l'amertume
En octobre 1706, Vauban se trouve à Dunkerque, une ville forte qu’il considérait comme sa plus belle réussite, qu’il avait transformé en une cité imprenable : un formidable ensemble de forts de défense, de bâtiments, de jetées, de fossés remplis d’eau, et d’un bassin pouvant contenir plus de quarante vaisseaux de haut bord toujours à flot, même à marée basse, grâce à une écluse. Du reste, à propos de « son » Dunkerque, le 16 décembre 1683, il écrivait à Louvois, en faisant preuve, une fois n’est pas coutume, de peu de modestie : « Dès l’heure qu’il est, ce port et son entrée me paraissent une des plus choses du monde et la plus commode, et si je demeurais six mois à Dunkerque, je ne crois pas que ma curiosi
té ni mon admiration seraient épuisées quand je les verrais tous les jours une fois ». Pourquoi est-il à Dunkerque ? Parce que le roi lui a confié le commandement de la frontière maritime des Flandres alors sérieusement menacée. Il a aussi obtenu l’autorisation de construire un camp retranché à Dunkerque, puis un deuxième entre Dunkerque et Bergues. Mais les fonds nécessaires n’arrivent pas et il s’en plaint au maréchal de Villeroy, qui lui répond le 17 juillet : « vous être le seul à pouvoir obtenir de la cour l’argent et les moyens nécessaires pour terminer les travaux des camps retranchés qui sont bien utiles ». Vauban écrit à Chamillard, le 10 août : « si M. Le Pelletier s’obstine davantage sur ce que je lui demande [il n’envoie pas les fonds], je serai obligé d’en écrire au roi et de le prier de me retirer d’ici ». C’est ce qu’il fait. C’est là, à Dunkerque, à « son » Dunkerque, que Vauban demande à être relevé de son commandement. Il avait soixante-treize ans. « J’ai hier demandé mon congé, écrit-il de Dunkerque, le 25 octobre 1706, car je ne fais rien ici, et le rhume commence à m’attaquer rudement ». Quelques jours plus tard, il insiste auprès de Chamillard pour être relevé de son commandement : « quand on sort d’un cinquième ou sixième accès de fièvre tierce qui s’est convertie en double tierce, on n’est plus en état de soutenir la gageure. Je vous prie de trouver bon que je vous demande M. d’Artagnan pour me venir relever ici pour l’hiver ». Il souffrait depuis longtemps d’un rhume récurrent, en fait une forme de bronchite chronique, et venait effectivement de subir de violents accès de fièvre (et sa présence à Dunkerque, dans les marais des plaines du nord n’est pas faite pour le guérir !).
Mais il y a des raisons plus profondes sans doute
, plus intimes, à cette demande insistante de retrait. En fait, Vauban est plein d’amertume depuis le siège de Brisach, en 1703, le dernier siège dont il eut le commandement : il enseigna à cette occasion au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi, les choses de la guerre et il lui écrivit, sur ordre de Louis XIV, afin de parfaire son éducation militaire, un Traité de l’attaque des places, qui constitue le huitième tome des Oisivetés.
« La grâce que j’ose vous demander, Monseigneur, est de vouloir bien vous donner la peine de lire ce Traité avec attention, et qu’il vous plaise de le garder pour vous, et de n’en faire part à personne, de peur de quelqu’un n’en prenne des copies qui, pouvant passer chez nos ennemis, y seraient peut-être mieux reçues qu’elles ne m
éritent » (épître dédicatoire).
Ce qui n’empêcha pas la circulation de nombreux manuscrits : plus de 200, déplore en 1739 Charles de Mesgrigny, le petit-fils de Vauban…
Mais après ce siège, plus rien ne lui est proposé. Et il s’en inquiète auprès de Chamillart : « tout le monde se remue ; il n’y a que moi à qui on ne dit mot. Est-ce que je ne suis plus propre à rien ? Quoique d’un âge fort avancé, je ne me condamne pas encore au repos, et quand il s’agira de rendre un service important au roi, je saurai bien mettre toutes sortes d’égards à part, tant par rapport à moi qu’à la dignité dont il lui a plu m’honorer, persuadé que je suis que tout ce qui tend à servir le roi et l’État est honorable, même jusqu’aux plus petits, à plus forte raison quand on y peut joindre des services essentiels tels que ceux que je puis rendre dans le siège dont il s’agit ». Chamillart lui répond qu’il a lu sa lettre à Louis XIV, qui a résolu de faire le siège de Landau. Mais il ajoute dans sa lettre du 6 octobre 1703
: « Elle m’ordonne de vous dire en même temps qu’elle a résolu d’en laisser la conduite entière à M. le maréchal de Tallart… »
L’amertume pour Vauban est alors a son comble. Et elle éclate dans une autre lettre écrite à Chamillard, le ministre de la guerre et des finances, en 1705. Cette lettre accompagnait un mémoire consacrée au siège de Turin, car Vauban continue à suivre de très près les opérations militaires, et il n’est pas satisfait de leur déroulement. Aussi multiplie-t-il les avis et les conseils. Mais après de nombreux détails techniques, Vauban ajoutait ces lignes, des lignes particulièrement émouvantes, qui font figure de testament :
« Après avoir parlé des affaires du roi, j’ose présumer qu’il me sera permis de parler de moi pour la première fois de ma vie. Je suis présent
ement dans la soixante-treizième année de mon âge, chargé de cinquante-deux ans de service, et surchargé de cinquante sièges considérables et de près de quarante années de voyages et visites continuelles à l’occasion des places et de la frontière, ce qui m’a attiré beaucoup de peines et de fatigues de l’esprit et du corps, car il n’y a eu été ni hiver pour moi. Or, il est impossible que la vie d’un homme qui a soutenu tout cela ne soit fort usée, et c’est ce que je ne sens que trop, notamment depuis que le mauvais rhume qui me tourmente depuis quarante ans s'est accru et devient de jour en jour plus fâcheux par sa continuité ; d’ailleurs la vue me baisse et l’oreille me devient dure, bien que j’ai la tête aussi bonne que jamais. Je me sens tomber et fort affaibli par rapport à ce que je me suis vu autrefois. C’est ce qui fait que je n’ose plus me proposer pour des affaires difficiles et de durée qui demandent la présence presque continuelle de ceux qui les conduisent. Je n’ai jamais commandé d’armée en chef, ni comme général, ni comme lieutenant général, pas même comme maréchal de camp, et hors quelque commandement particulier, comme ceux d’Ypres, Dunkerque et de la basse Bretagne, dont je me suis, Dieu merci, bien tiré, les autres ne valent pas la peine d’être nommés. Tous mes services ont donc roulé sur les sièges et la fortification ; de quoi, grâce au Seigneur, je suis sorti avec beaucoup d’honneurs. Cela étant, comme je le dis au pied de la lettre, il faudrait que je fusse insensé si, aussi voisin de l’état décrépit que je le suis, j’allais encore voler le papillon et rechercher à commander des armées dans des entreprises difficiles et très épineuses, moi qui n’en ai point d’expérience et qui me sens défaillir au point que je ne pourrais pas soutenir le cheval quatre heures de suite ni faire une lieu à pied sans me reposer. Il faut donc se contenter de ce que l’on fait et du moins ne pas entreprendre choses dans l’exécution desquelles les forces et le savoir faire venant à me manquer pourraient me jeter dans des fautes qui me déshonoreraient, ce qu’à Dieu ne plaise ; plutôt la mort cent fois. Quant à ce qui peut regarder mon ministère touchant la conduite des attaques, je pourrais encore satisfaire bien que mal aux fatigues d’un siège et d’une campagne si j’étais servi des choses nécessaires et que l’on eût des troupes comme du passé. Mais quand je pense qu’elles ne sont remplies que de jeunes gens sans expérience et de soldats de recrues presque tous forcés et qui n’ont nulle discipline, je tremble, et je n’ose désirer de me trouver à un siège considérable. D’ailleurs la dignité dont il a plu au roi de m’honorer m’embarrasse à ne savoir qu’en faire en de telles rencontres. Je crains le qu’en dira-t-on de mes confrères ; de sorte que je ne sais point trop quel parti prendre, ni comment me déterminer. Je dois encore ajouter que je me suis défait de tout mon équipage de guerre il y a quatre ou cinq mois, après l’avoir gardé depuis le commencement de cette guerre jusque-là. Après cela, si c’est une nécessité absolue que je marche, je le ferai au préjudice de tout ce qu’on en pourra dire et de tout ce qui en pourra arriver, le roi me tenant lieu de toutes choses après Dieu. J’exécuterai toujours avec joie ce qui lui plaira de m’ordonner, quand je saurais même y devoir perdre la vie, et il peut compter que la très sensible reconnaissance que j’ai de toutes ses bontés ne s’épuisera jamais ; la seule grâce que j’ai à lui demander est de ménager un peu mon honneur. Je suis bien fâché, Monsieur, de vous fatiguer d’une si longue lettre, mais je n’ai pas pu la faire plus courte. Je vous l’aurais été porter moi-même si le rhume que m’accable ne me contraignait à garder la chambre. Je suis… »
Bientôt, dans les derniers jours de l’année 1706, il rentre à Paris dans son hôtel de la rue Saint-Vincent dans la paroisse Saint Roch (loué aux neveux de Bossuet), où il s’était installé à partir de 1702 (dans l’actuelle rue de Rivoli, où une plaque commémore la présence de Vauban il y a trois siècles). Il y retrouve, semble-t-il, Charlotte de Mes
grigny, sa fille. Il souffre, il tousse, plus que jamais (sa bronchite chronique n’a fait qu’empirer), son vieux corps est miné, mais son esprit a gardé toute sa vivacité. C’est alors qu’il décide (peut-être incité par l’abbé Ragot de Beaumont, qui lui fait fonction de secrétaire) d’imprimer son livre, cette Dîme royale, celui, de tous ses écrits, qu’il estime le plus.
Qu'est-ce que la Dîme royale ?
En effet, la contribution majeure de Vauban à la réforme des impôts (question lancinante tout au long du XVIIIe siècle siècle jusqu'à la Révolution française) est la publication de cet ouvrage, intitulé Projet d'une dîme royale (1707), dans lequel il met en garde contre de forts impôts qui détournent des activités productives. Vauban propose dans cet essai de remplacer les impôts existants par un impôt unique de dix pour cent sur tous les revenus, sans exemption pour les ordres privilégiés (le roi inclus). Plus exactement, V
auban propose une segmentation en classes fiscales en fonction des revenus, soumises à un impôt progressif de 5 % à 10 %. L'impôt doit servir une politique, les classes fiscales doivent être plus ou moins favorisées à fins d'enrichir la société et par conséquent l’État.
Mais, contrairement à la légende, le projet :
• n’est pas révolutionnaire : Boisguilbert avait déjà fait des propositions analogues, dont Vauban s’inspire (ainsi que de Ragot de Beaumont), et la capitation, impôt très semblable, est établi en 1695, et l'impôt du dixième, en 1710 ;
• ne fut pas ignoré par le pouvoir. Le contrôleur général Chamillart a lu la Dîme royale sans doute à la fin de l’année 1699. De même, en août 1700, le pr
emier président au parlement de Paris, Achille III de Harlay. Et enfin et surtout, en 1700 toujours, Vauban présenta au roi, en trois audiences successives, qui eurent lieu dans la chambre de madame de Maintenon, la première version de sa Dîme royale par écrit et oralement. C’est ce qu’il explique dans sa lettre à Torcy :
« J’en ai présenté le système au roi à qui je l’ai lu, en trois soirées de deux heures et demie chacune, avec toute l’attention possible. Sa Majesté, après plusieurs demandes et réponses, il a applaudi. M. de Chamillart, à qui j’en ai donné une copie, l’a lu aussi, de même que M. le premier Président (Achille de Harlay) à qui je l’ai aussi fait voir tout du long. Je ne me suis pas contenté de cela. Je l’ai recommandé au Roi de vive voix et surt
out d’en faire faire l’expérience sur quelques-unes des petites élections du royaume, ce que j’ai répété plusieurs fois et fait la même chose à M. de Chamillart. Bref, j’ai cessé d’en parler au roi et à son ministre pour leur en écrire à chacun une belle et longue lettre bien circonstanciée avant que partir pour me rendre ici, où me trouvant éloigné du bruit et plus en repos, j’y ai encore travaillé de sorte qu’à moi, pauvre animal, cela ne me paraît pas présentement trop misérable. »
Et Nicolas-Joseph Foucault, intendant de Caen, note à la date du 6 novembre 1699 : « M. Chamillart m’a envoyé un projet de capitation et de taille réelle, tiré du livre de M. Vauban ». Une expérimentation a donc été tentée en Normandie. Mais ce fut un échec : « ce projet, ajoute-il, sujet à trop d’inconvénients, n’a pas eu de suite ».
En fait, ce qui a fortement déplu, c’est bien la publication, la divulgation publique en pleine crise militaire et financière. Vauban avait transgressé un interdit en rendant public les « mystères de l’État ». Et Vauban s’était mêlé d’une matière qui ne le regardait pas…
C’est bien ce qu’explique Michel Chamillart, qui c
umulait les charges de contrôleur général des finances et de secrétaire d’État à la guerre : « Si M. le maréchal de Vauban avait voulu écrire sur la fortification et se renfermer dans le caractère dans lequel il avait excellé, il aurait fait plus d’honneur à sa mémoire que le livre intitulé La Dîme royale ne fera dans la suite. Ceux qui auront une profonde connaissance de l’état des finances de France et de son gouvernement n’auront pas de peine à persuader que celui qui a écrit est un spéculatif, qui a été entraîné par son zèle à traiter une matière qui lui était inconnue et trop difficile par elle-même pour être rectifiée par un ouvrage tel que celui de M. de Vauban. »
Et il avouait : « j’ai peine à croire, quelque soin que l’on
ait de supprimer les exemplaires et puisque ce livre à passé à Luxembourg et qu’il vient d’Hollande, qu’il soit possible d’empêcher qu’il n’ait cours » (lettre au comte de Druy, gouverneur de Luxembourg, 27 août 1707). Effectivement, en 1708, un éditeur de Bruxelles imprimait le livre avec un privilège de la cour des Pays-Bas et en 1708 encore une traduction paraissait en Angleterre. Et en France, un marchand de blés de Chalon-sur-Saône vante en 1708 « une espèce de dîme royale », et un curé du Périgord écrit en 1709 : « On souhaiterait fort que le Roi ordonnât l’exécution du projet de M. le maréchal de Vauban touchant la dîme royale. On trouve ce projet admirable […]. En ce cas, on regarderait ce siècle, tout misérable qu’il est, comme un siècle d’or » (cité par Emile Coornaert dans sa préface à l’édition de la Dixme royale, Paris, 1933, p. XXVIII).
• son échec est plutôt à attribuer à son mode de recouvrement en nature, choix coûteux (il est nécessaire de construire des granges) et désavantageux en temps de guerre (où on préfère un impôt perçu en argent).
Où et comment la Dîme royale a-t-elle été imprimée ?
Peut-être à Rouen (hypothèse Boislisle ), peut-être à Lille, peut-être même en Hollande (hypothèse Morineau)… Michèle Virol penche plutôt pour l’hypothèse de Rouen. Nous sommes donc à la fin de l'année 1706 et au tout début de l'année 1707. Ce que nous savons, c’est qu’une demande de privilège de librairie pour un in quarto intitulé Projet d’une Dixme royale a été déposée, sans nom d’auteur, auprès des services du chancelier, le 3 février 1707. Cette demande est restée sans réponse. L’auteur n’est pas cité ma
is à la chancellerie, il est connu puisque nous savons que le chancelier lui-même, est en possession du manuscrit. Sans réponse de la chancellerie, Vauban décide de poursuivre quand même l’impression. A partir de ce moment et de cette décision, il sait bien qu’il est hors-la-loi : son amour du bien public vient de l’emporter sur le respect de la loi. L’impression achevée, sous forme de feuilles, est livrées en ballots. Mais comment les faire entrer à Paris, entourée, on le sait, de barrière, bien gardées ? l’introduction de ballots suspects auraient immédiatement éveillé l’attention des gardes, et tous les imprimés non revêtus du « privilège » sont saisis. Aussi, Vauban envoie deux hommes de confiance (Picard, son cocher, et Mauric, un de ses valets de chambre), récupérer les quatre ballots enveloppés de serpillières et de paille et cordés, au-delà de l’octroi de la porte Saint-Denis. Chaque ballot contient cent volumes en feuilles. Les gardiens de la barrière laissèrent passer, sans le visiter, le carrosse aux armes de Vauban, maréchal de France. À Paris, rue Saint-Jacques, c’est la veuve de Jacques Fétil, maître relieur rue Saint-Jacques, qui brocha la Dixme royale, jusqu’à la fin du mois de mars 1707, sous couverture de papier veiné, et relia quelques exemplaires, les uns en maroquin rouge pour d’illustres destinataires, les autres plus simplement en veau, et même en papier marbré (300 sans doute en tout). Ce sont des livres de 204 pages, in quarto. Vauban en distribua à ses amis et les volumes passèrent de main en main (les jésuites de Paris en eurent au moins deux exemplaires dans leur bibliothèque )… A noter qu’aucun exemplaire n’a été vendu : aux libraires qui en demandent, Vauban répond « qu’il n’est pas marchand ».
Voici le témoignage de Saint-Simon :
« Le livre de Vauban fit grand bruit, goûté, loué, admiré du public, blâmé et détesté des financiers, abhorré des ministres dont il alluma la
colère. Le chevalier de Pontchartrain surtout en fit un vacarme sans garder aucune mesure et Chamillart oublia sa douceur et sa modération. Les magistrats des finances tempêtèrent et l’orage fut porté jusqu’à un tel excès que, si on les avait crus, le maréchal aurait été mis à la Bastille et son livre entre les mains du bourreau ».
Le 14 février 1707, le Conseil, dit « conseil privé du roi » se réunit. Il condamne l’ouvrage, accusé de contenir « plusieurs choses contraires à l’ordre et à l’usage du royaume ». Et le roi ordonnait d’en mettre les exemplaires au pilon et défendait aux libraires de le vendre. Mais aucun auteur n’est mentionné. Cette première interdiction n’a pas affecté, semble-t-il, Vauban, qui, tout au contraire, dans une lettre datée du 3 mars (à son ami Jean de Mesgrigny, gouverneur de la citadelle de Tournai), manifeste sa fierté face au succès
de son livre :
« Le livre de la Dixme royale fait si grand bruit à Paris et à la Cour qu’on a fait deffendre la lecture par arrest du Conseil, qui n’a servi qu’à exciter la curiosité de tout le monde, si bien que si j’en avois un millier, il ne m’en resteroit pas un dans 4 jours. Il m’en revient de très grands éloges de toutes parts. Cela fait quez je pourray bien en faire une seconde édition plus correcte et mieux assaisonnée que la première ».
Et nous apprenons en même temps que l’abbé Ragot de Beaumont (cet homme de l’ombre qui a joué un rôle capital dans la rédaction de la Dixme royale), installé à Paris près de Vauban, prépare cette seconde édition :

« L’abbé de Beaumont est ici qui se porte à merveilles, et je le fais travailler depuis le matin jusqu’au soir. Vous savez que c’est un esprit à qui il faut de l’aliment, et moi, par un principe de charité, je lui en donne tout autant qu’il en peut porter ».
Un second arrêt est donné le 14 mars. Louis Phelypeaux, comte de Ponchartrain (1674-1747), en personne, le chancelier, avait lui-même corrigé le texte de l’arrêt, dont l’exécution était cette fois confiée au lieutenant-général de police de Voyer de Paulmy, marquis d’Argenson. Et Pontchartrain a ajouté en marge de l’arrêt : « le dit livre se débite encore », c’est-à-dire, au sens exact du mot, se vend facilement et publiquement.
Au même moment, Vauban continue la distribution de son livre : ainsi, Jérôme de Pontchartrain, le fils du chancelier, et secrétaire d’État à la marine,
accuse réception, le 20 mars, d’un exemplaire qui lui a été adressé le 16 mars.
Les derniers jours de Vauban
Nous connaissons bien les derniers jours de Vauban, grâce aux dépositions de son valet de chambre, Jean Colas, de la veuve Fétil, de sa fille et de leur ouvrier Coulon. Colas, le valet de Vauban, qui fut interné pendant un mois au Châtelet, raconte dans une déposition conservée aux archives la réaction du vieux maréchal, le 24 mars, quand il commence à s’inquiéter : « Toute cette après-dînée, le Maréchal parut fort chagrin de la nouvelle que M. le Chancelier faisait chercher son livre ». Sa réaction fut d’ordonner à son valet « d’aller promptement chez la veuve Fétil retirer les quarante exemplaires restés chez elle ». Toute la journée, il reste assis dans sa chambre, « en bonnet », près du feu. Deux dames lui ont rendu visite ce jour là (la comtesse de Tavannes et Madame de Fléot, femme du major de la citadelle de Lille) et il accordé sans doute, à chacune d’elle un exemplaire de sa Dixme. Sur le
soir, « la fièvre le prend ». Il se met au lit, et fut « fort mal le vendredi et samedi suivant… ». Le dimanche, la fièvre est légèrement tombée : « ce dimanche matin, explique Colas, il donne ordre de prendre dans son cabinet deux de ses livres et de les porter au sieur abbé de Camps, rue de Grenelle, faubourg Saint-Germain, et de le prier de les examiner, et de lui en dire son sentiment ». Et le soir même, il en fait aussi porter un aux Petits pèrs de la place des Victoires, et « un autre à son confesseur, un frère jacobin qui prêche pendant le cours de cette année au couvent de l’ordre, rue Saint-Honoré, et ne donnant le dit livre [à son valet] le dit sieur maréchal lui dit qu’il priait [ce frère] de le lire et de lui dire si, en le composant, il n’avait rien fait contre sa conscience ». « Le mercredi 30 mars, dit Colas, sur les neuf heures trois-quart du matin, le Maréchal mourut… » Dès l’instant de sa mort, les exemplaires restant sont retirés, par Ragot de Beaumont, qui logeait dans une chambre de l’hôtel Saint-Jean, hôtel mitoyen et dépendant de celui de Vauban. Et dans cette chambre, explique Colas, « on y monte par un escalier qui débouche dans le cabinet du Maréchal ».
C’est Saint-Simon, on le sait, qui a fait naître l’idée que Vauban serait mort de chagrin : « Vauban, réduit au tombeau par l’amertume ». Et surtout, ce passage :
« Le roi reçut très mal le maréchal de Vauban lorsqu’il lui présenta son livre, qui lui était adressé dans tout le contenu de l’ouvrage. On peut juger si les ministres à qui il le présenta lui firent un meilleur accueil. De ce moment, ses services, sa
capacité militaire, unique en son genre, ses vertus, l’affection que le roi y avait mise jusqu’à se croire couronné de lauriers en l’élevant, tout disparut à l’instant à ses yeux ; il ne vit plus en lui qu’un insensé pour l’amour du bien public, et qu’un criminel qui attentait à l’autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne ; il s’en espliqua de la sorte sans ménagement :
L’écho en retentit plus aigrement dans toute la nation offensée qui abusa sans ménagement de sa victoire ; et le malheureux maréchal, porté dans tous les cœurs français, ne put survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tou
t fait, et mourut peu de mois après, ne voyant plus personne, consommé de douleur et d’une affliction que rien ne put adoucir, et à laquelle roi fut insensible, jusqu’à ne pas faire semblant se s’apercevoir qu’il eût perdu un serviteur si utile et si illustre. Il n’en fut pas moins célébré par toute l’Europe et par les ennemis mêmes, ni moins regretté en France de tout ce qui n’était pas financier ou suppôt de financier ».
Mais tout cela est une légende : Vauban n’a été ni inquiété, ni disgracié et il est bien mort de maladie, d’une embolie pulmonaire (fluxion de poitrine), des conséquences de ce « rhume » dont il ne cesse de se plaindre depuis des dizaines d’années dans sa correspondance. Reste que la Dixme royale est bel et bien bien une affaire, l’ultime recours d’un homme qui a voulu, par tous les moyens, se faire entendre… Et les mesures de censure n’ont pas réussi à empêcher la diffusion et le succès du livre, comme l’atteste cett
e lettre de Ponchartrain du 14 juin 1707 à l’intendant de Rouen Lamoignon de Courson :
« Nonobstant les deux arrests du conseil dont je vous envoie copie qui ordonne la suppression du livre de feu le maréchal de Vauban, la Dixme royale, ce même livre n’a pas cessé d’être imprimé à Rouen en deux volumes in 12. On soupçonne le nommé Jaure de l’avoir fait imprimer, ce particulié ayant esté chassé de Paris pour avoir imprimé plusieurs livres défendus ».
Effectivement, nous savons que les libraires de Rouen ont imprimé le Projet d’une dixme royale de Vauban en 1707, 1708, 1709… Et à partir de Rouen, le livre est diffusé dans toute l’Europe : le 9 septembre 1707, un éditeur néerlandais demande à Antoine Maurry (l’imprimeur de Rouen qui a fabriqué le livre) six Dixme royale de Vauban in quarto … Et en 1713, Jérôme de Pontchartrain, secrétaire d’État de la Marine et de la Maison du roi expédiait à Michel Bégon, intendant du Canada un exemplaire de la Dixme royale en lui recommandant d’étudier avec Vaudreuil, le gouverneur, les possibilités d’appliquer au Canada les principes développés par Vauban (Charles Frostin, Les Pontchartrain ministres de Louis XIV. Alliances et réseau d’influence sous l’Ancien Régime, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006, p. 384). Et c’est la Régence, avec l’expérience de la polysynodie, qui confirme l’actualité, toujours présente, et réformatrice de Vauban : dans le Nouveau Mercure galant, organe officieux du gouvernement, on peut lire, en octobre 1715 (p. 258) que « S.A.R (le Régent) travaille tous les jours pendant trois heures à examiner les Mémoires de feu M. le duc de Bourgogne, de même que ceux de M. de Vauban »…
Un « Bon Français » (Louis XIV)
Vauban était un humaniste, passionné pour la justice sociale : il est réputé pour avoir partagé ses primes et ses soldes avec les officiers moins fortunés, et il prenait même parfois sur lui les punitions des soldats sous son commandement lorsqu'il les trouvait injustes… C'était en même temps un homme de caractère, exigeant dans son travail et très soucieux du respect de ses instructions.
Il eut aussi une vie de simplicité et des rapports très humains avec son entourage. Il faut rappeler qu'il été éduqué très jeune par son père, Urbain le Prestre, au respect des autres.
Louis XIV a reconnu en Vauban un « bon Français ». Et à sa mort, contrairement à une légende tenace de disgrâce (légende dont Saint-Simon est en partie responsable), il parla de lui avec beaucoup d’estime et d’amitié : « je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’État », déclara-t-il à l’annonce de sa mort. On pourrait dire aussi, comme l’explique Michèle Virol, que Vauban fut un noble malcontent, mais au lieu d’emprunter le chemin de la révolte armée comme le faisaient les gentilshommes du premier XVIIe siècle, il a emprunté la plume et l’imprimé, au nom d’un civisme impérieux, pleinement revendiqué, au service de la « nation France » et de l’État royal qu’il voulait servir plus que le roi lui-même. Toute son œuvre de pierre et de papier en témoigne : son action ne visa qu’un but, l’utilité publique, en modelant le paysage, en façonnant le territoire, en transformant l’ordre social. Vauban, apôtre de la vérité, apparaît, avec quelques autres contemporains (Pierre de Boisguilbert, par exemple, ou l’abbé de Saint-Pierre), comme un citoyen sans doute encore un peu solitaire. Mais au nom d’idées qu’il croit justes, même si elles s’opposent au roi absolu, il a contribué à créer un espace nouveau dans le territoire du pouvoir, un espace concurrent de celui monopolisé par les hommes du roi, l’espace public, et à faire naître une force critique appelée à un grand avenir : l’opinion.
Maquettes
Les plans-reliefs réalisés à partir du règne de Louis XIV sont conservés à l'hôtel des Invalides à Paris où 28 d'entre eux sont présentés. Une partie de la collection (16), est, après un long débat, présentée au palais des Beaux-Arts de Lille. Vauban est intervenu sur la plupart des places représentées. Les maquettes donnent une excellente vue du travail réalisé.
Source Wikipédia



Pour le meme plaisir voici un petit appercu du:

Le scoutisme
Le scoutisme (éclaireur) est un mouvement de jeunesse créé par Lord Robert Baden-Powell.
Les membres sont appelés des scouts (suivant le terme anglais international d'origine) et parfois éclaireurs (sa traduction) en pays francophones. Au sens strict, ces termes désignent les jeunes gens de 11/12 à 14 ou 17 ans (selon que les mouvements scouts soient mixtes ou non et unitaires ou non) ; les plus jeunes étant communément des ''louveteaux'' ou des ''jeannettes'', et les plus âgés des ''pionniers'', ''compagnons'', ''JEM'', ''routiers'', ''aînés'' etc.
Le guidisme est le correspondant féminin du scoutisme.
A partir des années 1970, certains mouvements scouts ont fait le choix de la mixité dans les troupes . D'autres mouvements conservent des unités exclusivement masculines ou féminines.
Historique du mouvement
Origines
Les prémices d'une idée de scoutisme datent du siège de Mafeking en Afrique du Sud au cours de la seconde guerre des Boers (1899-1902) au cours de laquelle Baden-Powell sert comme officier de commandement. Il réussit à sauver la ville de Mafeking, assiégée par des troupes ennemies . Baden-Powell utilisa les jeunes de la ville appelés les cadets comme messagers pour transmettre des messages à pied et à vélo, comme observateurs, sentinelles et éclaireurs.
À la libération de la ville, en 1900, Baden-Powell est acclamé comme un héros même par la reine elle-même. Il prouva que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission. Il publie ses observations sous le nom de « scouting » (l’art des éclaireurs) dans un petit fascicule destiné aux militaires appelé : « Aids to scouting ».
À son retour en Angleterre, Baden-Powell fut accueilli triomphalement. Il constate que « Aids to scouting » a un immense succès auprès des garçons britanniques et est utilisé par des éducateurs. Il reçoit même beaucoup de courriers de garçons lui demandant des conseils. Frappé par le spectacle d'une jeunesse britannique des quartiers désœuvrés livrée à la drogue et au tabac, souvent en mauvaise santé et délinquante, il décide de mettre l'expérience apprise à la guerre au service des jeunes gens, cette fois dans une optique de paix. « Sa carrière lui a permis de connaître les hommes pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes avec bienveillance et patience », commente Michel Seyrat, spécialiste de la pensée du fondateur du scoutisme.
S'inspirant de nombreuses expériences éducatives auprès des mouvements de jeunesse de l'époque, il reprend des éléments entiers des méthodes d'autres associations, suscitant parfois des conflits comme celui qui l'oppose à Ernest Thompson Seton. Mais ce qui le caractérise c'est sa capacité à synthétiser toutes ces lectures et toutes les expériences sur lesquelles il s'est documenté pour produire un mouvement de jeunesse qui possède ses propres références . Notons parmi ses sources, les Wandervogel Allemands ou Autrichiens, les rites d'initiation Zoulous, la gymnastique développée en Allemagne par F.L. Jahn, sans compter les codes de chevalerie dont il n'était pas le premier à s'inspirer, suivant en cela l'exemple de Ruskin aux USA (Knight of King Arthur) ou le mouvement Woodcraft qui pratiquait déjà un système de badges.
Mais ce qui marque également Robert Baden-Powell, c'est sa propre adolescence et son environnement familial. Son enfance est bercée par le récit des aventures de son grand père, l'amiral William Henry Smyth. Il pratique la voile avec ses frères ce qui lui inspire plus tard plusieurs récits autobiographiques, notamment la construction du voilier de son frère avec quelques amis du métier.
Il apprend la répartition des responsabilités à bord, l'acquisition de compétences et la vie d'équipage. Un autre de ses ancêtres, John Smyth, explorateur, avait traversé l'Océan et sillonné la Virginie, alors territoire inexploré. Comment échapper à toutes ses influences quand sa mère l'autorise à accompagner Warington, l'ainé des Baden Powell, navigateur endurci, auprès duquel il acquiert une expérience de la navigation.
« À la fin de ma carrière militaire », dit Baden-Powell, « je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n'a rien de commun avec les principes militaires. »
En 1907, alors âgé de 50 ans, il organise un camp de quinze jours avec une vingtaine de garçons de différentes classes sociales sur l'île de Brownsea, qui débute le 29 juillet. Il y teste ses idées d'éducation par le jeu, d'indépendance et de confiance.
À la suite de ce camp, Sir William Smith (fondateur de la « boy’s brigade ») lui demande d’écrire un ouvrage sur la manière dont le « Scouting » pouvait être adapté à la jeunesse qu’il appelle : Scouting for boys (Éclaireurs).
Baden-Powell pensait alors que ce livre pourrait donner des idées aux jeunes pour se regrouper en organisations. En effet, les premières patrouilles de scouts furent créées et Baden-Powell reçut de nombreuses demandes d'aide. Il les encouragea et le développement du mouvement scout commença au Royaume-Uni avec la création des scouts marins, des scouts de l'air et d'autres unités spécialisées.
Baden Powell dirigea avec son frère Warington un camp nautique en 1908, à Buckler's Hard, dans le Hampshire, en Angleterre, peu après celui de Brownsea Island en 1907, avec là aussi une vingtaine de garçons posant les fondations des '' Sea Scouts''. C'est ainsi que Baden-Powell en vint à initier le scoutisme marin avec l'aide de son frère Warington, avocat à l'amirauté, marin expérimenté et promoteur de la navigation en canoë. Cependant, les scouts marins ne seront pas nommés ainsi avant 1912. Auparavant, en 1910, Warington aura écrit Sea Scouting and Seamanship for Boys, préfacé par son frère, le premier manuel de scoutisme marin, qui fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par les nombreux jeunes britanniques intéressés par cette nouvelle forme de scoutisme.
Baden-Powell ne pouvant plus conseiller personnellement chaque jeune qui lui demandait de l'aide, il décida de mettre en place une formation des adultes pour l'encadrement. Le Wood Badge course est alors créé à ce propos. En 1919, Gilwell Park près de Londres est acheté afin d'être utilisé comme camp et site d'entraînement pour les adultes.
L'expansion
Le scoutisme a commencé à se répandre à travers la Grande-Bretagne et l'Irlande bien avant la publication du Scouting for boys de Baden-Powell et il s'étend rapidement dans l'empire britannique. La première unité hors du Royaume-Uni connue a été transportée à Gibraltar en 1908 suivie par Malte peu de temps après. Le Canada devint le premier dominion possédant un programme Boy Scout, comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud quelques années après.
Le Chili est le premier pays hors des dominions britanniques à posséder un mouvement scout reconnu. Le premier rally scout s'est tenu au Crystal Palace à Londres en 1910. Il attira 10 000 garçons ainsi que de nombreuses filles. En 1910, la Belgique, l'Inde, Singapour, la Suède, la Suisse, le Danemark, la France, la Russie, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, le Mexique, l'Argentine, la Grèce et les États-Unis avaient des Boy Scouts...
Aujourd'hui
Il y a aujourd'hui plus de 28 millions de scouts à travers le monde.
En 2007, le scoutisme célèbre ses 100 ans d'existence, avec plusieurs grands évènements tel que le renouvellement de la promesse qui a eu lieu le 1er aout partout dans le monde, ou encore le jamboree mondial à Chelmsford et sur l'île de Brownsea (Royaume-Uni).
Principes
Le but et principes du scoutisme
Le Mouvement scout a pour but de contribuer au développement des jeunes en les aidant à réaliser pleinement leurs possibilités physiques, intellectuelles, sociales et spirituelles, en tant que personnes, que citoyens responsables et que membres des communautés locales, nationales et internationales.
Le Mouvement scout est fondé sur les principes suivants :
• Le devoir envers Dieu
• L’adhésion a des principes spirituels, la fidélité à la religion qui les exprime et l’acceptation des devoirs qui en découlent.
• Le devoir envers autrui
• La loyauté envers son pays dans la perspective de la promotion de la paix, de la compréhension et de la coopération sur le plan local, national et international.
• La participation au développement de la société dans le respect de la dignité de l’homme et de l’intégrité de la nature.
• Le devoir envers soi-même
• La responsabilité de son propre développement.
Généralités
Historiquement, deux sources distinctes ont contribué à la création du scoutisme. La première est issue de l'expérience militaire de Baden Powell. Cette première source se manifeste encore aujourd'hui dans la symbolique de la vie en équipe et d'une hiérarchie minimale en son sein. La seconde source est issue du premier camp réalisé par Baden Powell sur l'île de Brownsea en 1907 pour récupérer l’énergie de jeunes gens qui, désœuvrés et issus de quartiers défavorisés, risquaient de « mal tourner ». Ces deux sources donnent lieu aujourd'hui à des divergences d'application selon les associations qui les mettent en œuvre.
Le scoutisme est fondé sur un principe pédagogique qui cherche à donner des responsabilités à l’enfant et à l’adolescent et à épanouir sa vie sociale dans le respect des valeurs traditionnelles de son milieu social. Fréquemment et de manière régulière, ils proposent des camps dans la nature et des activités d’entraide, de bienfaisance, humanitaires. Ils sont souvent séparés par classe d’âge et par sexe, proposant différentes activités en fonction des groupes.
La loi scoute
La loi scoute est la règle que chaque jeune adhérant à un mouvement scout tente de respecter. Elle fait partie comme la promesse, la vie en patrouille et les activités de plein air des principes édictés par Robert Baden-Powell dans son livre Éclaireurs édité dès 1908.
Il est important de souligner que le terme de loi chez les scouts n'a en aucun cas un sens légal. La loi est une série de « conseils de vie » qui sont proposés au jeune. C’est lui qui choisit de « faire de son mieux » pour suivre ces conseils, après réflexion et avec l’aide de ses chefs, de sa famille et des amis. En cas de non-respect de la loi, aucune sanction ne sera prise. Tout au plus une discussion lui permettra de prendre conscience pour faire mieux la fois suivante et ainsi progresser. Chaque jeune a donc la possibilité de s’approprier cette loi et de la mettre en application à son rythme en fonction de ses points forts et de ses faiblesses.
Si les principes fondateurs sont les mêmes, la loi scoute diffère dans son contenu et sa formulation d'un mouvement à l'autre, et d'un âge à l'autre.
La promesse scoute
Dans le scoutisme, la promesse est l'engagement que prend le jeune devant ses pairs (et éventuellement devant Dieu s'il est croyant), pour marquer son adhésion à la loi et aux valeurs du mouvement. Elle fait partie des constantes de toutes les branches du scoutisme. Seule la forme change d'un mouvement à l'autre. Elle fait déjà partie, avec la loi, la vie de patrouille et les activités de grand air des principes édictés par Robert Baden-Powell.
« Soyez toujours fidèles à votre Promesse scoute même quand vous aurez cessé d'être un enfant - et que Dieu vous aide à y parvenir ! » sont les derniers mots de la lettre d'adieu que Baden-Powell adresse à l'ensemble des éclaireurs.
Pratique du scoutisme
Les mots de Baden-Powell sur le scout à son image sont : recherche, observation, déduction, nautisme, secourisme, santé, discipline, responsabilités, chevalerie et patriotisme.
La tenue
La tenue est une des caractéristiques du mouvement scout comme le rappelle Baden-Powell lors du Jamboree de 1938 : « il recouvre les différences de pays et d'origines et leur fait sentir qu'ils appartiennent tous à la même Communauté du Monde. »
Inspiré de celui porté par les troupes coloniales britanniques, l'uniforme original est constitué d'une chemise kaki, d'un short et d'un chapeau à larges bords (Smokey Bear ou quatre bosses). Par ailleurs, Baden-Powell portait également un short puisque d'après lui, le fait d'être habillé de la même façon que les jeunes contribuait à réduire la distance qui les séparait des adultes. On lui prête aussi l'affirmation selon laquelle « on n'attrape pas froid par les genoux ! »
De nos jours, les tenues ont évolué. Si certains mouvements ont conservé une tenue classique, dans d'autres, les tenues se sont simplifiés et colorés. On en trouve des bleus, oranges, rouges ou verts, ne gardant parfois de la tenue qu'une chemise et un foulard. De la même façon, les shorts sont parfois remplacés par des pantalons, notamment dans les pays où la culture demande de la réserve ou pour des raisons climatiques. La jupe-pantalon peut aussi être adoptée pour les Guides dans certain pays. De même, le chapeau ''quatre-bosses'' peut être remplacé par un béret à deux flots, un bachi (béret à pompon, pour les marins) ou un calot, voire assez souvent, pas de couvre-chef du tout.
Enfin, chaque association, dans les différents pays, dispose d'une couleur pour son uniforme et au sein d'une même association, il arrive que la couleur de la tenue diffère en fonction de l'âge.
Insignes et badges
Le mouvement scout possède deux symboles internationaux : la fleur de lys utilisée par les organisations membres de l'Organisation Mondiale du Mouvement Scout et le trèfle par les membres de l'Association mondiale des Guides et Éclaireuses. Ces badges font partie de l'uniforme officiel des scouts.
Le badge de l'OMMS est circulaire et violet avec une fleur de lys en son centre. Il est entouré par un morceau de corde fermé par un nœud plat. La fleur de lys est un symbole ancien utilisé par Baden-Powell pour les scouts enrôlés dans l'armée britannique et qui est par la suite adopté et modifié par le mouvement scout. La pointe en flèche représente le Nord sur une boussole et avait pour but de guider les scouts sur le chemin de l'aide et de l'unité. De la même façon, les trois pointes de la fleur de lys représentent les trois devoirs envers Dieu (ou un ''Idéal Elevé'' pour les mouvements non confessionnaux), soi-même et les autres et rappellent également les trois principes de Franchise, Dévouement et Pureté. Les deux étoiles à cinq branches représentent la vérité et le savoir avec les dix branches symbolisant les dix points de la loi scoute. Enfin, le lien au bas de la fleur tend à montrer l'esprit de famille du scoutisme.
Le symbolisme du trèfle de l'AMGE est assez similaire : les trois feuilles représentent les trois devoirs et les trois parties de la promesse scoute, les deux étoiles à cinq branches symbolisent la loi scoute et la veine au centre représente l'aiguille de la boussole montrant le droit chemin. Enfin, la base du trèfle représente la flamme de l'amour et les couleurs bleu et or le soleil qui brille sur tous les enfants du monde.
Le swastika a également été utilisé par les Boy scouts. D'après « Johnny » Walker, la première utilisation par le scoutisme date du Thanks Badge de 1911. En effet, le dessin de la médaille du mérite de Baden-Powell en 1922 ajoutait un swastika à la fleur de lys en signe de bonne chance à celui qui la recevait. Comme Rudyard Kipling, il avait sans doute découvert ce symbole en Inde. Cependant, au cours de l'année 1934, de nombreux scouts ont demandé un changement dans le dessin du fait de l'utilisation du swastika par le parti national-socialiste des travailleurs allemands. Une nouvelle médaille du mérite est alors éditée en 1935.
Les mouvements chrétiens utilisent généralement le symbole de la croix sous diverses formes comme la croix de Jérusalem, ou croix potencée, ou encore la croix de Malte.
Totem
Le terme totem, originaire des Indiens d'Amérique, a été repris par la tradition scoute. Il s'agit de qualifier son titulaire d'un nom d'animal suivi d'un adjectif, ce nom et cet adjectif représentant ses qualités morales et/ou physiques. Dans la tradition scoute, ce totem est donné suite à une épreuve initiatique (constituant la « totémisation »). Le nom de l'animal devient alors une partie officielle connue de tous, l'usage de l'adjectif étant parfois réservé aux autres « sachems ».
Le totem de l'abbé Pierre, par exemple, était « Castor méditatif ».
Toutefois, suite à plusieurs dérives dans la pratique de la « totémisation », la grande majorité des mouvements scouts en France ont interdit cette pratique ; mais elle est encore très active, notamment en Suisse et en Belgique .
Organisations et structures
Il existe dans le monde de nombreux mouvements de scoutisme, qui reprennent les mêmes idées sur l’éducation qui semblent avoir donc fait leurs preuves dans de nombreux contextes.
Les deux principales fédérations internationales (OMMS et AMGE) ne reconnaissant qu’une seule association par pays. Dans certains pays plusieurs associations se regroupent en une fédération, afin que cette dernière soit reconnue par ces organismes.
Il existe d'autres fédérations internationales, comme l'UIGSE, qui regroupent des associations ne souhaitant pas adhérer à l'OMMS ou l'AMGE.
Fédérations internationales
L’Organisation mondiale du mouvement Scout (OMMS ou WOSM en anglais) siège à Genève (Suisse).
• L’Association mondiale des Guides et Éclaireuses (AMGE ou WAGGGS en anglais) siège à Londres (Royaume-Uni).
• L’Union internationale des guides et scouts d'Europe (UIGSE) siège à Château-Landon (France).
Au Canada
Deux associations scoutes canadiennes sont reconnues par OMMS, il s'agit de Scouts Canada et de l'Association des scouts du Canada. Elles desservent respectivement les Canadiens anglophones et francophones.
Deux associations sont membres de l'UIGSE: Association Evangélique du Scoutisme au Québec et Federation of North-American Explorers.
Cinq associations membres de la World Federation of Independent Scouts:
• BPSA - British Columbia
• BPSA - Manitoba
• BPSA - Newfoundland and Labrador
• BPSA - Nova Scotia
• BPSA Saskatchewan
• Independent Scouting Association
• Traditional Explorers Association Council of Ontario
En France
En France, il existe près de 80 groupements se réclamant scout.
Neuf d'entre eux sont reconnus par le ministère français de la Jeunesse et des Sports et peuvent être regroupés en :
• Fédération du Scoutisme français qui est l'organe reconnu en France par l'organisation mondiale du mouvement scout (OMMS) ainsi que par l'association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE). Créés en 1941, suite à un camp de chef en septembre 1940 et à une charte (Charte de l'Oradou) commune entre les six associations principales de l'époque : Éclaireurs de France, Éclaireurs Israélites de France, Éclaireurs Unionistes, Fédération Française des Éclaireuses, Guides de France et Scouts de France. De fusion en création, elle est aujourd'hui composée des Éclaireuses éclaireurs de France, des Éclaireuses et éclaireurs unionistes de France (mouvement protestant, ouvert à tous), des Éclaireuses éclaireurs israélites de France, des Scouts et Guides de France et des Scouts musulmans de France.
• La Conférence française de scoutisme compte 3 associations : association des guides et scouts d'Europe (mouvement catholique), les Éclaireurs neutres de France et la Fédération des éclaireuses et éclaireurs.
• Les Scouts Unitaires de France qui est un mouvement catholique comptant environ 21 300 membres en 2007.
À côté de ces mouvements, il existe en France une soixantaine d'associations non reconnues (ni par le ministère de la Jeunesse et des Sports, ni par l'OMMS, ni par l'UIGSE) qui se partagent 3700 membres comme l'Association française de scouts et guides catholiques, les Scouts de Doran, les flambeaux et claires flammes, les Scouts et guides Godefroy de Bouillon…
En Belgique
L'association Guidisme et scoutisme en Belgique (GSB) est composée de trois organisations francophones :
• La Fédération catholique des scouts Baden-Powell de Belgique connue comme Les Scouts ;
• Les Guides Catholiques de Belgique
• Les Scouts et guides pluralistes http://www.sgp.be/.
Il existe également deux organisations néerlandophones :
• Scouts en Gidsen Vlaanderen (anciennement VVKSM) ;
• Federatie voor Open Scouting).
Les Guides et scouts d'Europe sont rattachés à l'Union internationale des guides et scouts d'Europe.
La Belgique un des premier pays en terme de taux de pénétration, et le pays ayant le plus de Scouts en Europe.
En Suisse
Le scoutisme a cette particularité d’être unifié en Suisse, étant donné que le nom « scoutisme » a été déposé et est donc protégé.
En Suisse, les scouts sont organisés en 23 associations cantonales et environ 700 groupes locaux.
Les premiers groupes de scouts se sont formés en 1912. En 1913 la FES, la Fédération des Eclaireurs suisses a vu le jour, suivie en 1919 de la FESes, la Fédération des Eclaireuses suisses. De la fusion des deux fédérations FES et FESes en 1987 est né le MSdS.
À noter que Genève est le siège de l'OMMS (Organisation Mondiale du Mouvement Scout).
En Allemagne
En Allemagne aussi les associations de scoutisme se sont regroupées de manière à pouvoir être reconnues par l’OMMS et l’AMGE. Pour les filles, il s’agit du Ring deutscher Pfadfinderinnenverbänd (cercle des associations de guides) et du Ring deutscher Pfadfinderverbände (cercle des associations de scouts). Chaque cercle est composé de trois associations : une catholique, une protestante et une interconfessionnelle. Les associations catholiques pour filles et pour garçons (aujourd'hui coéduquée) sont indépendantes, les associations protestantes et interconfessionnelles n'ont chacune qu'une structure pour les filles et les garçons. Il y a donc en tout quatre associations reconnues au niveau mondial.
Il y a environ 250 000 guides et scouts en Allemagne, dont 190 000 appartenant à l'une de ces quatre associations. La plus importante association est celle de la Pfadfinderschaft Sankt Georg (Scouts allemands de Saint Georges), à l'origine mouvement pour les garçons et aujourd'hui coéduquée. Y correspond la Pfadfinderinnenschaft Sankt Georg (Guides de Saint Georges, 10 000 membres), mouvement catholique réservé aux filles.
Le mouvement protestant se nomme Pfadfinderinnen und Pfadfinder (association des guides et scouts protestants) . Le mouvement interconfessionnel se nomme Bund der Pfadfinderinnen und Pfadfinder (Union des guides et scouts).
En plus de ces associations appartenant à l'un des deux cercles, il existe plus de 150 associations se réclamant du scoutisme en Allemagne.
Noter également les associations confessionnelles Katholische Pfadfinderschaft Europas (catholique) et Evangelische Pfadfinderschaft Europas (protestante), toutes deux membres allemands de l'UIGSE-FSE.
En Algérie
Le scoutisme en Algérie date de 1935, avec la fondation des Scouts musulmans algériens (SMA) par Mohamed Bouras. La première section à Alger en 1935 s'appelait la section al Falah.
Source Wikipédia